Rivière et saumons
Kikou me revoilà! Pour un dernier petit article. Ben oui, c'est que ça demande du travail ce machin-là... Mais je sais que vous resterez mes fidèles admirateurs pour l'éternité, ne vous inquiétez pas.
Alors, pendant un mois, j'étais au Nouveau Brunswick, une province maritime située au Sud du Québec. Plus précisément? Près de la ville de Miramichi. Enfin, à 1h30 de route de la ville. Je ne peux pas être plus précise, car en sortant de la ville, ce ne sont que des routes qui traversent la forêt, des routes qui n'ont pas de nom car ce sont plus des chemins de terre qu'autre chose. Rien d'étonnant à celà, quand on sait que 80% de la province est couverte de forêts.
Pour arriver à Miramichi, en train, enfin, en tchoutchou dirons-nous, ça ne met pas 5, ni 10, ni 12 heures. Si par chance le train ne prend pas trop de retard, ce qui est très rare, c'est un trajet, attention mesdames et messieurs, tenez-vous bien, de 15 heures! Sisi. Promis-juré. De quoi faire relativiser les minuscules 7 heures d'avion qui nous séparent de la France...
Donc nous, on vivait au beau milieu de la forêt, avec tout de même un minimum d'installations: des toilettes au compost, une cuisine, une douche, et un générateur qu'on allumait parfois histoire de pouvoir utiliser l'eau.
Là, à gauche, ce sont les toilettes. Je leur trouve un certain charme, là, perdus au fond des bois, plein de souris et d'araignées et autres merveilles... et à droite, c'est notre tente, à Camille et à moi: on campait à la jonction d'une rivière et de son affluent.
Ah oui, et j'oubliais: un poste de radio qui ne captait pas 3, ni 2, mais bien UNE station de radio! Notre seul contact avec le monde. Malheureusement, The River étant [comme son nom l'indique] une station locale, toutes les nouvelles qu'on arrivait à en tirer se limitaient aux concours de pêche de la ville voisine et aux dernières révoltes au sein de la prison de haute sécurité située non loin de notre emplacement. Plutôt glauque, tout ça, surtout, quand on sait que des prisonniers se sont échappés l'année dernière... Du coup, quand on se promenait la nuit dans la forêt, on avait le choix entre craindre une rencontre avec un ours noir ou bien avec un tueur en série... :-)
Camille, c'est l'étudiante en master que j'assistais dans sa recherche sur le comportement des bébés saumons. En gros, je capturais les poissons pour qu'elle les marque, et l'aidais à les filmer sous l'eau et à prendre des mesures. J'ai pu assister à tous les aléas possibles de la recherche de terrain: le matériel qui nous lâche pile au mauvais moment, la trombe d'eau qui tombe sans prévenir alors qu'on a du matériel high tech dans les mains, le niveau de l'eau qui devient si haut et le courant si fort au bout de 5 jours de pluie intense que le ruisseau se transforme en torrent inaccessible, l'infection de l'oreille (pas moi, Camille) qui t'empêche d'aller dans l'eau pour plusieurs jours et qui manque de faire rater toute l'expérience, les poissons qui, un jour, décident de tous se cacher dans des endroits inaccessibles, ou qui s'en vont au moment où on est prêts à filmer... Que du bonheur, donc. Heureusement, il y a aussi les rares journées où tout fonctionne bien, et là, c'est l'euphorie!
Là, c'est Tim, un volontaire super sympa qui aidait un autre étudiant (Jae):
Tim, Jae, Camille et moi étions en permanence sur le site, mais nous étions souvent rejoints par du personnel local, très sympathique aussi.
Après le travail, la récréation:
On prenait aussi des chambres à air de camion pour descendre la rivière tout en douceur... un vrai bonheur!
Les Bibites maintenant. D'abord, une spécialité locale: les mouches noires. Celles-là, on les reconnait à leur bourdonnement sourd qui fait froid dans le dos, et elles ne te lâchent pas: une fois qu'il y en a une qui t'a repéré, elle te tourne autour de la tête, te buzz dans les oreilles, et n'arrête pas jusqu'à ce que tu la tues ou qu'elle t'ait piqué. Plutôt mordu, d'ailleurs, car elles sont moins délicates que les moustiques et te font saigner. Pire encore, les horseflies: même principe, sauf qu'elles sont 2 fois plus grosses, te piquent plusieurs fois, et que là ça fait vraiment mal. Plus vicieux maintenant, les nauseums: de minuscules moucherons qui piquent. Tellement minuscules que c'est difficile de les répérer et qu'ils passent allégrement à travers la moustiquaire. Ensuite, les moustiques, bien sûr, pour lesquels le fait de porter un pantalon ne fait aucune différence: ils te piquent pareil. Les charmantes bestioles... Oh, j'oubliais: les lamproies! Celles-là, plus j'en apprends sur elles, plus je les trouves répugnantes (voir article sur les lamproies):
Après, il y a les bonnes bibittes. Les lucioles, par exemple, qui sont si nombreuses la nuit que la forêt entière clignotte, et qu'on a l'impression de voir des étoiles filantes en permanence car elles émettent de la lumière même en volant. Pour les autres, voyez par vous-mêmes:
Des plantes extras: à gauche, des plantes carnivores qui poussaient au bord de la rivière, et à droite, des bunchberries: les fruits poussent au milieu de la fleur, et sont comestibles!
Ah il faut quand même que je vous montre le pêcheur moyen du Nouveau-Brunswick: il avait une si bonne bouille que j'ai pas pu m'empécher de le photographier à son insu:
Ci-dessous, une de mes chaussures qui agonise au dessus du feu: quel plaisir de brûler ses vieilles affaires boueuses en partant!
Voilà, au bilan: une expérience très enrichissante, très humide aussi, suivie par un retour à la ville plus qu'agréable je ne peux pas le cacher ;-)